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Jérôme Fernandez: "les Jeux les plus relevés de l'histoire"

Jeux Olympiques

vendredi 26 juillet 2024 - © Yves Michel

 5 min 53 de lecture

Après les filles qui ont parfaitement ouvert le concert olympique, place ce samedi (21h) aux garçons qui ne devront pas délivrer de fausses notes face au Danemark. Eux aussi remettent leur titre en jeu en débutant le tournoi, face à leur éternel rival de ces dernières années. Observateur avisé, l'ancien capitaine et toujours meilleur buteur des Bleus Jérôme Fernandez apporte son expertise sur cette confrontation, sur ses deux monstres sacrés et sur l'équipe de France version 2024.

7èmes Jeux Olympiques pour Jérôme Fernandez. Quatre (entre 2000 et 2012) comme joueur avec deux médailles d’or à Pékin et Londres sur sa carte de visite, trois depuis Rio comme consultant pour France Télévisions. L’ancien capitaine des Bleus (qui demeure à jamais, meilleur buteur de la sélection avec 1463 réalisations) a pu côtoyer plusieurs générations un peu partout sur la planète. Il donne son avis sur les Jeux à Paris, sur la 1ère affiche entre la France et le Danemark, sur le duo Nikola Karabatic-Mikkel Hansen, sur l’équipe de France et sur sa vision de la compétition. 

En quoi, est-ce si particulier de vivre les Jeux à la maison ?  

On sait qu’il y a un petit peu plus de pression sur les épaules, un peu plus de lumière du côté des médias, surtout quand tu es favori dans ton sport. 

Quelle est la meilleure façon pour un athlète de haut niveau de profiter des Jeux ? 
J’ai l’expérience de mes 1ers J.O à Sydney (2000). On était arrivé très tôt sur place et c’est vrai que j’ai essayé d’en profiter au maximum et à 23 ans, je me suis un peu éparpillé. Il y a même eu un petit rappel à l’ordre de Daniel (Costantini) pour que je me reconcentre sur la compét. Le danger est là. Tu découvres un univers surdimensionné, au village tu côtoies des stars de toutes les disciplines et cela peut griser. Mais bon, les années aidant, les anciens sont là pour encadrer ceux qui découvrent. Le conseil, c’est de profiter de la cérémonie d’ouverture et une fois que c’est passé, d'être focus sur les matchs. 

N’est-ce pas fâcheux sur cette édition, qu’après la phase de groupe, le hand soit obligé de terminer à Lille ?
Déjà, il ne faut pas oublier qu’au début, toute la compét’ devait se dérouler à Lille. Donc ça calme un peu les critiques. Bien-sûr, beaucoup de joueurs vont regretter quand il faudra quitter le village et Paris, ce sera pareil pour les spectateurs qui auraient voulu profiter des autres épreuves, mais d’un autre côté, je pense qu’on a trouvé le meilleur compromis pour faire aussi en sorte que nos joueuses et joueurs soient à fond dans le tournoi. La différence fondamentale, c'est que tu passes d'une salle de 7000 places à un stade de 28000.

N’est-ce pas à double tranchant de remettre en jeu un titre qui plus est, à la maison ? 
Oui, évidemment. Il faut éviter d’arriver avec un excès de confiance. Après, il y a pas mal d’expérience et on sait faire la part des choses. Bien réussir son 1er match a son importance pour prendre de bons repères, il faut aussi réaliser une bonne phase de poule en se satisfaisant de ce qu’on a mis en place pour arriver au top en quarts. Car c’est à partir de là que ça commence car tu sais que si tu te loupes, c’est fini. 

Ce qui change, c’est qu’il y a bien longtemps que les garçons n’avaient pas hérité d’entrée, d’un adversaire aussi costaud.
Oui mais l’essentiel est de faire 1 et 2 avec les Danois pour ne les retrouver qu’en finale. Débuter face à eux, ben… il n’y aura pas de temps d’observation. C'est mieux que jouer contre l’Argentine où tu peux faire un match moyen qui te mette dans le doute. Là, tu sais que tu affrontes un des favoris et même si tu perds, cela ne va pas forcément conditionner le reste.



France – Danemark, c’est aussi une star de chaque côté, les deux ont-ils toujours le même impact sur leurs partenaires ?
''Niko'' est important pour le groupe, il rassure les garçons qui bénéficient de son expérience. Dans le jeu, les deux ont un rôle différent. Mikkel ne défend pas mais sur le plan offensif, il apporte peut-être un peu plus car il est capable de délivrer plus de passes décisives, de mener le jeu, de marquer des buts, de tirer les 7m. ‘’Niko’’ est peut-être moins impactant que par le passé mais on l’a vu depuis le début de l’année, il peut être décisif sur les duels, ce que Hansen ne fait pas. Mais on ne peut pas dire que chaque équipe soit dépendante de l'un ou de l'autre. 

Chez les garçons, l’effectif a très peu bougé par rapport à l’Euro. Au niveau des gardiens, il y a le retour de Vincent Gérard. 
Guillaume (Gille) s’appuie sur son expérience et sur le fait qu’il a déjà vécu le contexte particulier des Jeux. A partir du moment où il est apte, c’est légitime qu’il soit dans l'équipe. Rémi (Desbonnet) était remplaçant à Tokyo, il a pu vivre dans cet environnement. C’est, à mon sens, le meilleur choix qui pouvait être fait. 

Des doutes subsistent sur la forme de Dika Mem. Faut-il s’en inquiéter ? 
Non. Il va aller de mieux en mieux au fil de la compétition. Il va retrouver ses habitudes, etc.… Après, le groupe peut faire sans Dika jusqu’aux quarts. 

Donc, doit-on faire confiance à Aymeric Minne qui a montré de bonnes choses pendant la prépa ?
Ils n’évoluent pas sur le même poste. Et puis l’équipe a besoin d’avoir deux arrières droits performants. Même s’il n'est pas à 100%, Dika sera prêt pour le 1er match. Melvyn (Richardson) est plutôt pas mal en ce moment, donc, autant lui donner plus de temps de jeu et faire entrer Dika, progressivement. Si tu veux utiliser Aymeric, il te faut sortir un droitier même si je suis d’accord qu’il peut apporter beaucoup, notamment sur la phase de poule. Cela permettrait à quelqu’un comme Nikola de brûler moins d’énergie. Après, le staff est souverain et aux Jeux, les places sont plus chères.
 
La France et le Danemark chez les garçons sont les deux grands favoris. Qui peut jouer les trouble-fêtes ?

Pour moi, l’Egypte et la Suède. Ensuite, excepté la Slovénie, l’Argentine et le Japon, les autres peuvent se battre pour les accessits. Ce sont les Jeux les plus relevés de l’histoire. Il y a une énorme homogénéité de niveau dans les deux groupes. 

Les Danois honorés mais frustrés 

Avant même que ne débute leur compétition, les handballeurs danois sont très fiers. Tout simplement parce que Niklas Landin, leur gardien qui mettra fin à sa carrière en sélection après les J.O (comme Mikkel Hansen) sera ce vendredi soir, le porte drapeau de la délégation des sportifs du royaume. Ils sont également frustrés car ils ne pourront l’accompagner. Même si le match face à la France est programmé ce samedi à 21h, les joueurs de Nikolaj Jakobsen ne participeront pas à la parade sur la Seine.

Jérôme Fernandez: "les Jeux les plus relevés de l'histoire" 

Jeux Olympiques

vendredi 26 juillet 2024 - © Yves Michel

 5 min 53 de lecture

Après les filles qui ont parfaitement ouvert le concert olympique, place ce samedi (21h) aux garçons qui ne devront pas délivrer de fausses notes face au Danemark. Eux aussi remettent leur titre en jeu en débutant le tournoi, face à leur éternel rival de ces dernières années. Observateur avisé, l'ancien capitaine et toujours meilleur buteur des Bleus Jérôme Fernandez apporte son expertise sur cette confrontation, sur ses deux monstres sacrés et sur l'équipe de France version 2024.

7èmes Jeux Olympiques pour Jérôme Fernandez. Quatre (entre 2000 et 2012) comme joueur avec deux médailles d’or à Pékin et Londres sur sa carte de visite, trois depuis Rio comme consultant pour France Télévisions. L’ancien capitaine des Bleus (qui demeure à jamais, meilleur buteur de la sélection avec 1463 réalisations) a pu côtoyer plusieurs générations un peu partout sur la planète. Il donne son avis sur les Jeux à Paris, sur la 1ère affiche entre la France et le Danemark, sur le duo Nikola Karabatic-Mikkel Hansen, sur l’équipe de France et sur sa vision de la compétition. 

En quoi, est-ce si particulier de vivre les Jeux à la maison ?  

On sait qu’il y a un petit peu plus de pression sur les épaules, un peu plus de lumière du côté des médias, surtout quand tu es favori dans ton sport. 

Quelle est la meilleure façon pour un athlète de haut niveau de profiter des Jeux ? 
J’ai l’expérience de mes 1ers J.O à Sydney (2000). On était arrivé très tôt sur place et c’est vrai que j’ai essayé d’en profiter au maximum et à 23 ans, je me suis un peu éparpillé. Il y a même eu un petit rappel à l’ordre de Daniel (Costantini) pour que je me reconcentre sur la compét. Le danger est là. Tu découvres un univers surdimensionné, au village tu côtoies des stars de toutes les disciplines et cela peut griser. Mais bon, les années aidant, les anciens sont là pour encadrer ceux qui découvrent. Le conseil, c’est de profiter de la cérémonie d’ouverture et une fois que c’est passé, d'être focus sur les matchs. 

N’est-ce pas fâcheux sur cette édition, qu’après la phase de groupe, le hand soit obligé de terminer à Lille ?
Déjà, il ne faut pas oublier qu’au début, toute la compét’ devait se dérouler à Lille. Donc ça calme un peu les critiques. Bien-sûr, beaucoup de joueurs vont regretter quand il faudra quitter le village et Paris, ce sera pareil pour les spectateurs qui auraient voulu profiter des autres épreuves, mais d’un autre côté, je pense qu’on a trouvé le meilleur compromis pour faire aussi en sorte que nos joueuses et joueurs soient à fond dans le tournoi. La différence fondamentale, c'est que tu passes d'une salle de 7000 places à un stade de 28000.

N’est-ce pas à double tranchant de remettre en jeu un titre qui plus est, à la maison ? 
Oui, évidemment. Il faut éviter d’arriver avec un excès de confiance. Après, il y a pas mal d’expérience et on sait faire la part des choses. Bien réussir son 1er match a son importance pour prendre de bons repères, il faut aussi réaliser une bonne phase de poule en se satisfaisant de ce qu’on a mis en place pour arriver au top en quarts. Car c’est à partir de là que ça commence car tu sais que si tu te loupes, c’est fini. 

Ce qui change, c’est qu’il y a bien longtemps que les garçons n’avaient pas hérité d’entrée, d’un adversaire aussi costaud.
Oui mais l’essentiel est de faire 1 et 2 avec les Danois pour ne les retrouver qu’en finale. Débuter face à eux, ben… il n’y aura pas de temps d’observation. C'est mieux que jouer contre l’Argentine où tu peux faire un match moyen qui te mette dans le doute. Là, tu sais que tu affrontes un des favoris et même si tu perds, cela ne va pas forcément conditionner le reste.



France – Danemark, c’est aussi une star de chaque côté, les deux ont-ils toujours le même impact sur leurs partenaires ?
''Niko'' est important pour le groupe, il rassure les garçons qui bénéficient de son expérience. Dans le jeu, les deux ont un rôle différent. Mikkel ne défend pas mais sur le plan offensif, il apporte peut-être un peu plus car il est capable de délivrer plus de passes décisives, de mener le jeu, de marquer des buts, de tirer les 7m. ‘’Niko’’ est peut-être moins impactant que par le passé mais on l’a vu depuis le début de l’année, il peut être décisif sur les duels, ce que Hansen ne fait pas. Mais on ne peut pas dire que chaque équipe soit dépendante de l'un ou de l'autre. 

Chez les garçons, l’effectif a très peu bougé par rapport à l’Euro. Au niveau des gardiens, il y a le retour de Vincent Gérard. 
Guillaume (Gille) s’appuie sur son expérience et sur le fait qu’il a déjà vécu le contexte particulier des Jeux. A partir du moment où il est apte, c’est légitime qu’il soit dans l'équipe. Rémi (Desbonnet) était remplaçant à Tokyo, il a pu vivre dans cet environnement. C’est, à mon sens, le meilleur choix qui pouvait être fait. 

Des doutes subsistent sur la forme de Dika Mem. Faut-il s’en inquiéter ? 
Non. Il va aller de mieux en mieux au fil de la compétition. Il va retrouver ses habitudes, etc.… Après, le groupe peut faire sans Dika jusqu’aux quarts. 

Donc, doit-on faire confiance à Aymeric Minne qui a montré de bonnes choses pendant la prépa ?
Ils n’évoluent pas sur le même poste. Et puis l’équipe a besoin d’avoir deux arrières droits performants. Même s’il n'est pas à 100%, Dika sera prêt pour le 1er match. Melvyn (Richardson) est plutôt pas mal en ce moment, donc, autant lui donner plus de temps de jeu et faire entrer Dika, progressivement. Si tu veux utiliser Aymeric, il te faut sortir un droitier même si je suis d’accord qu’il peut apporter beaucoup, notamment sur la phase de poule. Cela permettrait à quelqu’un comme Nikola de brûler moins d’énergie. Après, le staff est souverain et aux Jeux, les places sont plus chères.
 
La France et le Danemark chez les garçons sont les deux grands favoris. Qui peut jouer les trouble-fêtes ?

Pour moi, l’Egypte et la Suède. Ensuite, excepté la Slovénie, l’Argentine et le Japon, les autres peuvent se battre pour les accessits. Ce sont les Jeux les plus relevés de l’histoire. Il y a une énorme homogénéité de niveau dans les deux groupes. 

Les Danois honorés mais frustrés 

Avant même que ne débute leur compétition, les handballeurs danois sont très fiers. Tout simplement parce que Niklas Landin, leur gardien qui mettra fin à sa carrière en sélection après les J.O (comme Mikkel Hansen) sera ce vendredi soir, le porte drapeau de la délégation des sportifs du royaume. Ils sont également frustrés car ils ne pourront l’accompagner. Même si le match face à la France est programmé ce samedi à 21h, les joueurs de Nikolaj Jakobsen ne participeront pas à la parade sur la Seine.

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