Collecter les pins des délégations des autres continents au village olympique, en dresser l'inventaire au JT de 20 heures, c'est une chose. Amasser les succès sur le grand rectangle turquoise de la Porte de Versailles, en vue de conserver l'or olympique, c'en est une autre. La transaction a beau avoir pris plus de temps que pour un souvenir estampillé Thaïlande ou Aruba, l'équipe de France féminine s'est procuré le premier des huit exemplaires qu'elle convoite d'ici au 10 août.

Décontractées à l'extérieur, dans le récit médiatique de leur installation au village de Saint-Ouen, les joueuses d'Olivier Krumbholz ont mis du temps à se sentir à leur aise dans le hall 6 du XVe arrondissement. Elles nageaient en plein paradoxe à la 13ème minute : 100 % au tir, mais deux buts de retard sur la Hongrie (4-6). Elles pataugeaient, à vrai dire. Coupables de bâcler leurs contres, de manquer de répartie face à des tireuses de loin magyares moins tourmentées. Surtout une, Csenge Kuczora, arrière gauche en Bundesliga et poison permanent pour les championnes du monde (8/10, dont 2/2 penaltys). Une installatrice de clim en puissance, secondée par les ailières Schatzl et Lukacs. Dans le sept majeur français, Tamara Horacek était la moins inhibée (feinte de passe, tir en appui à la hanche).

C'est dans la difficulté, l'inconfort, qu'il faut savoir apprécier la qualité des rotations. Que l'effectif soit restreint, comme aux Jeux, ou élargi. Orlane Kanor et Méline Nocandy se sont levées du banc après dix minutes, Léna Grandveau a suppléé une Laura Flippes en petite forme peu après. Sitôt entrées en action, la recrue de Ferencvaros et la nouvelle demi-centre brestoise ont remis de l'ordre dans le jeu d'attaque français, bouché le trou en combinant puissance et esthétisme. La benjamine du groupe s'est ensuite chargée d'égaliser à 8 partout (18ème), sur la première montée de balle bien exécutée (il était temps) et une passe décisive de... Kanor, qui installa de la sorte les dames en blanc aux avant-postes (8-9, 19ème).

A l'image de la Slovénie, la Hongrie ne bénéficie pas d'un vivier aussi riche. Un peu de cela, un peu de surrégime chez les titulaires, et la nation la plus jeune du tournoi (moyenne d'âge des 14 : 26,8 mois) s'est à son tour retrouvée empêtrée dans les passes approximatives. Prisonnière de la toile d'araignée déployée, à retardement on vous l'accorde, par Foppa, Nocandy la défenseure avancée, et consorts. L'allant retrouvé d'Estelle Nze Minko fixait l'écart au repos (15-12).

Bien sûr, il y a encore eu quelques scories de ci, de là, mais le visage tricolore était moins pâle que de prime abord. Il est resté avenant dans une seconde mi-temps plus débridée, mieux gérée dans l'ensemble. Malgré la résistance de la corde hongroise, sur laquelle on tire sans la voir céder dans l'instant. Katrin Klujber la gauchère, Simon et Lukacs, promptes à s'engouffrer dans le moindre interstice ouvert, ont obligé le pays hôte à rester en alerte maximale jusqu'aux dernières minutes. Deux, trois buts d'avance auraient pu ne pas lui suffire. Heureusement, dans l'équipe de France contemporaine, les mains des cadres ne tremblent plus quand une victoire doit être validée. Sevrée de ballons exploitables dans le jeu comme toutes les ailières, Alicia Toublanc a rentré deux penaltys tardifs (54ème et 57ème). Nze Minko n'a pas regretté d'avoir lobé Janurik (30-27, 59ème), point d'orgue d'une partie à 6/6 et trois interceptions. Auparavant, Foppa avait trouvé deux fois la solution en infériorité numérique (18-20 puis 18-21, 42ème et 43ème). Quant aux cinq parades d'Hatadou Sako, elles ont moins compté par leur quantité que par leur qualité.

Trois ans jour pour jour après une ouverture aussi compliquée face au même adversaire (30-29), les Françaises s'en sont encore sorties à bon compte (31-28 ce jeudi). Les superstitieux y verront le présage d'une nouvelle quinzaine dorée. Les intéressées, une incitation à marquer plus franchement leur territoire dimanche soir (21 h) contre les Pays-Bas, eux aussi poussés d'entrée dans leurs retranchements (34-31 face à l'Angola).

HONGRIE – FRANCE : 28-31 (12-15)

Jeudi 25 juillet 2024, à l'Arena Paris Sud. Arbitres : MM. Garcia et Paolantoni (ARG).

Evolution du score : 4-1 (5') ; 6-3 (10') ; 7-5 (15') ; 8-9 (20') ; 9-12 (25') ; 13-17 (35') ; 16-18 (40') ; 19-21 (45') ; 21-23 (50') ; 25-28 (55') 28-31