Pour passer de 0 à 200 sélections A, Estelle Nze Minko a mis dix ans. Passer de 0 à 200 buts en équipe nationale, autre cap atteint en ce jeudi soir bâlois, s'est fait en huit ans chez Tamara Horacek. Et pour envoyer la Pologne dans le fossé, les Françaises ont paré au plus pressé. Ca leur a pris quatre minutes, le temps de faire vrombir les dragsters bleus. Les as de la montée de balle, les dévoreuses de grand espace. La capitaine des vice-championnes olympiques, Chloé Valentini et Lucie Granier, par ordre d'apparition. Prendre de vitesse l'adversaire en engagement rapide, lui dérober la balle et fuir avec à grandes enjambées, ça reste le moyen le plus sûr de marquer... son territoire. Sous Sébastien Gardillou comme sous Olivier Krumbholz.
L'ouverture du score de Kobylinska n'est que pure anecdote. Avec la même célérité, l'ex-Brestoise et ses compatriotes ont touché leurs limites offensives. Bien définies par la défense aplatie française. Chancelante en préparation, ceci dès octobre, elle était en mission rédemption en Suisse alémanique. En son sein, Pauletta Foppa, Laura Flippes et Nze Minko, modèle de productivité dans ses onze premières minutes (4/4 au tir, une interception) ont ressorti les sécateurs d'enclenchements. Et quand il faut s'y mettre à quatre pour neutraliser une pivot, on s'y met. A la différence du France – Espagne amical de vendredi dernier (27-28), la 0-6 n'a pas livré à elle-même Laura Glauser. De toute manière, la gardienne de Ferencvaros continue à très bien se débrouiller seule : 8 arrêts à 44 % en première période. La seconde d'Hatadou Sako (9 parades, 43 %) était du même acier.
Comme l'époque est à la data, l'EHF en a inséré une nouvelle à l'écran. En toute fin de première période, l'on découvrait ainsi que la possession de balle était polonaise à 59 %. S'il suffisait d'avoir la majorité... Il n'y a guère sur les tirs de loin, décochés en priorité par Paulina Uscinowicz (passée par Fleury-les-Aubrais, 4/5), que la troupe du Norvégien Arne Senstad a fait illusion.
A l'image de son habituelle corne d'abondance, l'ailière droit Balsam (1/2), d'une paire de gardiennes en détresse, cette Pologne indisciplinée était incapable de tenir le tempo bleu. Même pendant les cinq minutes de surplace complet, entre la 15ème et la 20ème (13-6). Malgré une décélération compréhensible après avoir tourné à un but par minute (10-4, 10ème), bien que faisant jeu égal en terme de balles perdues (16), la France a progressé sans tracas. Oriane Ondono a enfoncé des portes ouvertes à 6 mètres, Pauline Coatanéa a été reçue 5/5 : but coin court, coin long, sur une relance diagonale de l'autre maman du collectif (Glauser, 15-8 à la 23ème). Et quand le sélectionneur intime l'ordre de ne pas s'assoupir, Orlane Kanor déclenche opportunément la foudre (29-17, 51ème).
Les Bleues sont restées éveillés jusqu'aux derniers instants, consacrés à offrir à Clarisse Mairot ses deux premiers buts en grand championnat, ainsi qu'à revenir au point de départ. Contre-attaquer à tout bout de champ, avec Coralie Lassource à la finition. Ce n'est pas un hasard si autant de noms ont été cités dans cette synthèse : l'écart a permis de faire tourner l'effectif rapidement, d'impliquer les seize joueuses (*) dès le début de la course à la médaille.
Le prologue expédié, gagné 35-22, voici déjà l'étape-reine du premier tour. Un faux air de Vuelta, un vrai air de revanche avec l'Espagne, huit jours après le b(r)ouillon de Saint-Chamond. Si les deux points pris face à la Pologne seront probablement démonétisés dès lundi, ceux en jeu samedi (18 h) face à des Ibériques davantage mises en difficulté par le Portugal (30-24, mais 12-12 à la pause) coûteront plus cher. A l'Euro, les promos du Black Friday n'existent pas...
(*) Déborah Lassource, Alicia Toublanc et la gardienne Floriane André n'ont pas été retenues pour ce match d'ouverture.
FRANCE – POLOGNE : 35-22
(18-10)
Jeudi 28 novembre 2024, à Bâle (SUI). 2682 spectateurs. Arbitres : Mmes Hansen et Jensen (DAN).
Evolution du score : 5-2 (5') ;
10-4 (10') ; 13-6 (15') ; 14-6 (21') ; 16-9 (25') ; 21-10 (35') ;
24-13 (40') ; 25-15 (45') ; 28-17 (50') ; 31-19 (55').
Le commentaire de Sébastien Gardillou (source : beIN Sports)
« Quel que soit le résultat, j'aurais dit qu'on a encore énormément de travail. Ce groupe a montré son implication. Il a su entrer par le bon bout, ne pas flancher comme on a pu le faire dans les matches de préparation. J'avais à cœur que la Pologne ne puisse pas s'exprimer, c'est ce qu'on a réussi à faire. Ce qui nous attend dans deux jours (contre l'Espagne) sera d'un tout autre calibre. J'espère qu'on sera dans le même état d'esprit. »