Fair-play et très bon public, Armelle Attingré. La plus française des Monténégrines, établie à Buducnost Podgorica depuis quatre ans et 15 sélections pour sa terre balkanique d'adoption, a été filmée applaudissant les penaltys parés, quels qu'en soient les autrices. Indistinctement son binôme Marina Rajcic que Laura Glauser. L'ancienne Parisienne et Nantaise (35 ans, 6 arrêts à 20 % ce vendredi) a aussi gagné un face-à-face avec Grâce Zaadi (47ème). Mais la demi-centre de l'équipe de France a gentiment attendu que la balle revienne derrière l'arc de cercle pour convertir la seconde chance (22-16).
L'action peut symboliser toute cette deuxième levée du tour principal. Egal à lui-même, le Monténégro s'est employé à mettre des bâtons dans les roues d'un de ses souffre-douleurs historiques (JO 2012, petite finale de l'Euro 2022). Djurdjina Jaukovic et compagnie ont voulu défalquer les séquences défensives en foire d'empoigne, obligeant un temps les championnes du monde en titre à multiplier les temps de jeu comme le XV de France pour essayer de s'approcher de leur but, sans transformer l'essai (39ème-40ème). Malgré la succession des infériorités numériques, les Bleues ont toujours répondu avec fermeté. Déterminées à récupérer dare-dare le titre (pas si) honorifique de meilleure défense de l'Euro, abandonné la veille à leurs adversaires.
Prendre les mêmes et recommencer. S'appuyer, comme de coutume, sur l'intransigeance de Pauletta Foppa. Sur la sentinelle Estelle Nze Minko, quand la 1-5 a été déployée en seconde période. Sur l'art du passage en force, aussi maîtrisé par les ailières, pour récupérer la possession, se projeter vers l'avant. Actionner le lever de vitesse, déboîter, quand le Monténégro a clairement joué avec le frein à main à la reprise. Le plan élaboré par Sébastien Gardillou a fonctionné : le 3-0 initial, façonné à toute berzingue (deux minutes vingt) par sa capitaine et Tamara Horacek, a installé sa troupe aux commandes pour toute l'heure. Un avantage accentué pendant la première exclusion de Jaukovic, consolidé en dépit de ces douze minutes traversées à une de moins. Et du carton rouge direct adressé à Orlane Kanor (24ème). Un bras envoyé dans la mâchoire de Brnovic dans le feu de l'action, quelques instants après les délices : décollage sur croisé (13-7), passe décisive soyeuse pour sa meneuse de jeu.
Cette dernière n'a cessé de signer son nom à la pointe d'un bras droit-épée. D'un Z qui veut dire Zaadi... Un soir où Horacek (2/9) était en difficulté, la Francilienne a combiné clairvoyance dans la passe et l'efficacité au shoot (7/10) qui a pu lui faire défaut en sélection durant l'année civile. Imperturbable quand les Monténégrines ont durci le jeu, essayé de s'accrocher aux branches par l'intermédiaire de Pavicevic (6/8) à l'aile gauche. Impavide comme Laura Glauser, le cauchemar officiel des tireuses adverses de 7 mètres : quatre arrêts en six duels. Une rareté en carrière.
Le travail proprement terminé par Léna Grandveau aux appuis ardents (4/4), Nze Minko et Coatanéa avalant les espaces offerts par la défense tout-terrain rouge, la cinquième victoire d'affilée acquise (31-23), les Françaises peuvent de nouveau souffler. Reprendre un rythme de compétition normal, avec pas plus d'un match tous les deux jours si elles vont au bout. Reprendre des forces avant de relever un nouveau défi suédois, dimanche (20h30). Il y aura peut-être une qualification d'office en demi-finale à aller chercher. Avec des garanties qui vont croissant depuis huit jours.
FRANCE – MONTENEGRO : 31-23 (15-11)
Vendredi 6 décembre 2024, à Debrecen (HON). 2041 spectateurs. Arbitres : MM. Braseth et Sundet (NOR).
Evolution du score : 3-1 (5') ; 4-3 (10') ; 8-4 (15') ; 11-4 (20') ; 13-8 (25') ; 16-12 (35') ; 18-14 (40') ; 20-15 (45') ; 24-17 (50') ; 26-19 (55').